Nous publions cet article en réaction à l’interview faite par BFM Crypto du Président du Directoire du FGDR, le Fonds de Garantie des Dépôts et de Résolution, qui s’est fendu d’une déclaration à caractère bien anxiogène :

‘Les détenteurs de cryptomonnaies en France n’ont aucune garantie de récupérer leurs fonds en cas de faillite d’un établissement’

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Derrière un discours à l’apparence pondérée, mais ferme, ce que nous décodons relève de la posture théâtrale. Roulant de grands yeux et agitant son grand doigt dans une incantation quasi apocalyptique, la mise en garde est claire : ‘Bitcoin pas bien ! Crypto pas beau !’

Mais que fait-il réellement ? Et de quel droit ?

Il dénigre tout simplement la concurrence, pardi !

FGDR ‘Votre argent est protégé’


Jetons (très temporairement) la lumière sur cet organisme assez peu connu du public et dont la fonction affichée est de se positionner en garant de nos dépôts, c’est-à-dire nous rembourser si notre établissement bancaire/financier fait faillite.

Observons comment les choses y sont organisées et structurées.

Les loups ne se mangent pas entre eux

Affublé d’une tâche d’une telle importance, aussi sérieuse, on pourrait logiquement déduire que ce fonds est géré par l’État, l’Europe ou toute sorte d’entité indépendante, incorruptible et déontologiquement irréprochable.

Mais en fait, non. Ce sont les banquiers eux-mêmes qui en sont les patrons et les actionnaires, certains cumulant parfois les fonctions dans leur banque respective et au sein de ce fonds.

En résumé : ceux-là mêmes qui sont théoriquement censés rembourser nos dépôts sont potentiellement positionnés au sein d’établissements qui pourraient nous faire perdre nos dépôts.

Il est très important de bien comprendre cela pour appliquer une grille de lecture pertinente sur leurs actions et leurs déclarations. Ils sont nourris à la même tambouille.

Ce sont bien des banquiers qui parlent, pas des fonctionnaires assermentés, pas des régulateurs, pas des techniciens économiques.

Et Bitcoin est leur concurrent direct.

Mais ce n’est pas tout.

Un verre d’eau pour éteindre l’incendie


Pour que ce fonds de garantie ait l’air sérieux, il lui faut une trésorerie, n’est-ce pas ?

Vous trouverez donc, sur le site du FGDR un solde qui s’élève à près de 7 milliards d’euros.

Mazette, c’est une somme !

Oui, sauf que les dépôts qui doivent être garantis en France s’élèvent à plus de 2800 milliards d’euros, tous produits d’épargne confondus.

Donc, même si nous sommes nuls en mathématiques, il est d’une évidence de déduire que le taux théorique de remboursement des dépôts en cas de faillite de nos banques n’est que de quelques petits misérables pourcents.

Et ce n’est pas fini.

Assurance risquée tous risques

Nous parlons bien d’un taux théorique de remboursement, car la trésorerie du fonds n’est pas constituée de liquidités, mais bien de placements, des placements dans des produits appartenant… aux banques elles-mêmes que ce fonds est censé garantir en cas de faillite… donc des placements potentiellement faillis !

Ce qui signifie qu’en pratique et dans le pire des cas, le taux réel de remboursement peut tout aussi bien s’élever à… zéro pourcent !

Illusion collective

Mais alors, pourquoi nous avoir affublé de cette coquille vide ?

Pour maintenir notre addiction à la croyance, la fiction selon laquelle le système bancaire et financier est solide, résistant ET garanti.

C’est un fait, ce système demeure stable pour autant qu’on y croie tous ensemble le plus longtemps possible.

‘L’important, ce n’est pas la sécurité, c’est le sentiment de sécurité’

Parce qu’aujourd’hui, en France, si une banque faisait faillite, ce fonds serait balayé comme un fétu de paille. Même l’État serait limité dans sa capacité à intervenir (possibilités d’endettement, disponibilité de finances, bilan de la banque en défaut par rapport au PIB…)

Un peu d’épais bon sens et une petite règle de trois suffisent à nous garantir… que rien n’est garanti ! Que tout ceci n’est qu’une grande opération de communication et de manipulation de l’opinion.

En fin de compte, entendre de la bouche même du président de cet organisme qu’il ne garantira pas nos bitcoins est plutôt logique, voire rassurant.

Parce que Bitcoin ne fonctionne pas comme cela.

Le coffre-fort cryptograhique


Lorsque nous possédons des bitcoins, ils ne sont pas sur notre Ledger, même pas sur notre PC ou smartphone (et même pas au coffre !)

Ils sont sur la blockchain, toujours, immuables et infalsifiables.

Et ils demeurent de vrais bitcoins, pas des unités de compte dans une banque, pas des placements ni des produits titrisés.

Ils sont semblables à des lingots dans un coffre-fort, un coffre numérique surveillé par tous.

Nous n’avons que faire de la pseudo-garantie de ces banquiers. La nôtre est assurée par le réseau distribué, la cryptographie et la preuve de travail.

Ce que nous possédons, ce sont des clés. Des dispositifs de signature qui peuvent faire bouger nos bitcoins à la vitesse de la lumière et les transférer de manière inarrêtable et presque instantanée.

Ce sont ces clés-là qu’il nous faut garantir, et rien d’autre.

Et pour ce faire, nous avons même le droit de choisir entre faire confiance à un professionnel de la garde ou les conserver nous-mêmes.

Mais jamais, nous n’aurons besoin de croire un banquier ou un quelconque fonds de pacotille.