Comparer Bitcoin et or suscite des réactions parce que ces deux actifs n’ont ni la même histoire, ni le même comportement de marché. Pourtant, la question revient aujourd’hui chez de nombreux investisseurs : qu’apprend-on vraiment lorsqu’on les met côte à côte ? Cet article suit une logique simple : 1) pourquoi la comparaison séduit, 2) pourquoi elle ne tient pas si on la prend “au pied de la lettre”, 3) ce qu’on peut bien en tirer en pratique dans un portefeuille de long terme.

Pourquoi cette comparaison revient en force aujourd’hui
Un contexte où les « réserves » indépendantes gagnent du terrain
Depuis deux ans, l’or enregistre des prix historiquement élevés (plusieurs pics au-dessus de 4 000 $/oz à l’automne 2025). Les synthèses du World Gold Council soulignent la solidité de la demande (ETF, achats officiels, investissement), signe d’un intérêt persistant pour des valeurs perçues comme indépendantes des monnaies étatiques. C’est un fait suivi et documenté de semaine en semaine par le WGC, pas une impression passagère.
En parallèle, Bitcoin a franchi un cap d’accessibilité : le 10 janvier 2024, la SEC a approuvé la cotation de produits au comptant (ETF/ETP) sur bitcoin. Cela ne change pas sa nature, mais facilite l’investissement pour le grand public via un compte-titres classique et les plateformes habituelles. Dit autrement : l’accès est plus simple, la décision de risque reste la vôtre.
Une idée intuitive : « digital gold »… puis “stablecoin” ?
Beaucoup associent déjà bitcoin au digital gold, cet « or numérique » dont la valeur repose sur la rareté et un réseau mondial de transactions. En revanche, qualifier bitcoin de « stablecoin de l’or » relève davantage de la formule rhétorique que d’une description rigoureuse.
L’intuition derrière cette image est compréhensible : ce sont deux actifs rares, souvent recherchés lorsque les devises fiduciaires inspirent moins confiance. Mais, sur le plan technique, le mot stablecoin a un sens précis en finance numérique : il désigne une crypto dont le cours est indexé (ou « adossé ») à une référence — par exemple l’euro ou le dollar américain — grâce à des réserves d’actifs (bons du Trésor, liquidités) et, souvent, à un droit de rachat au pair. Bitcoin n’entre pas dans cette catégorie : il n’est adossé à aucune référence, et son prix résulte simplement de l’offre et de la demande sur le marché.
Parler de “stablecoin de l’or” suggère un ancrage (peg) : or ce n’est pas le cas. La comparaison traduit surtout une convergence d’usages : épargne de long terme, portefeuille diversifié, défiance face aux monnaies fiduciaires. Gardons l’image, mais passons-la au crible des faits.
Pourquoi l’analogie « bitcoin = stablecoin de l’or » ne tient pas techniquement
Un stablecoin, c’est quoi (en deux lignes) ?
Un stablecoin vise une valeur stable : il maintient un cours proche d’une devise (ex. 1 $) grâce à des réserves et des mécanismes de stabilisation. Le FMI le rappelle : utilité pour les paiements rapides, mais stabilité conditionnée par la qualité des collatéraux et de la gouvernance. Bitcoin, lui, n’est indexé sur rien : son prix dépend de l’offre et de la demande.
Pour parler de cours comparables, on s’appuie sur des benchmarks publics :
- Bitcoin : CME CF Bitcoin Reference Rate (BRR), un indice de prix calculé une fois par jour à 16 h (Londres) à partir de transactions réelles sur plusieurs places répondant à des critères stricts.
- Or : LBMA Gold Price, issu d’une enchère électronique deux fois par jour (10 h 30 et 15 h, Londres) administrée par ICE Benchmark Administration (IBA) conformément aux principes IOSCO.
Pourquoi c’est important ? Parce qu’une bonne analyse repose d’abord sur des références de prix claires avant de comparer des trajectoires de marché.
Lorsque l’on observe les séries sur la durée, la corrélation entre bitcoin et or est faible et changeante. Le World Gold Council le souligne : profils différents, réactions différentes aux chocs, donc pas d’“ancre” commune. En clair : bitcoin ne “s’aligne” pas sur l’or — ni à la hausse ni à la baisse, de manière systématique.
« Refuge » ? Oui pour l’or ; discutable pour bitcoin
L’or reste une réserve officielle (banques centrales), ce qui conforte son rôle historique. Bitcoin, lui, n’est pas détenu par les banques centrales, et la littérature académique montre des résultats mitigés sur son statut de “refuge” : pendant des épisodes de stress (ex. Covid-19), il s’est souvent comporté comme un actif risqué. C’est utile pour la diversification, mais ce n’est pas l’équivalent d’un “francs suisses numérique”.
Si certaines institutions (entreprises cotées, fonds via des ETF, voire quelques États) détiennent du BTC et le décrivent parfois comme une ‘réserve’ de trésorerie ou un actif stratégique, on ne peut cependant pas le comparer aux réserves officielles des banques centrales qui restent majoritairement en or (XAU).
Dès lors, au sens strict, l’analogie est fausse. Bitcoin n’est ni collatéralisé, ni maintenu autour d’un cours de l’or. On peut garder la métaphore pour ce qu’elle suggère (la rareté), pas pour ce qu’elle n’implique pas (stabilité garantie).
Ce que la comparaison révèle vraiment et comment en tirer parti
La rareté : physique vs programmée
L’or reste un actif rare au sens matériel : le stock « au-dessus du sol » progresse lentement au fil de la production et du recyclage, et son rôle de réserve dans les bilans officiels demeure central. Les enquêtes 2025 du World Gold Council confirment d’ailleurs que les responsables de réserves voient toujours l’or comme un pilier stratégique, et qu’une large majorité anticipe une hausse des réserves officielles sur l’année à venir.
Bitcoin, lui, organise la rareté par le code : l’offre est plafonnée à 21 millions d’unités et le rythme d’émission baisse au fil des « halvings » (division périodique de la récompense des mineurs). On suit son cours via un indice de référence, la CME CF Bitcoin Reference Rate (BRR), calculée chaque jour à 16 h (Londres) à partir de transactions réelles sur plusieurs plateformes conformes aux critères de place. Autrement dit, la valeur de bitcoin découle d’une règle d’émission transparente et d’un réseau ouvert 24/7, pas d’un adossement externe.
Pour résumer, la rareté n’implique pas la stabilité des prix, mais elle peut améliorer une allocation si l’on accepte le risque associé et si l’investissement s’inscrit dans un horizon de long terme.
L’institutionnalisation : accès plus simple ≠ prix plus stable
Côté bitcoin, l’accès s’est normalisé : le 10 janvier 2024, la SEC a approuvé la cotation de produits au comptant (ETP/ETF) sur Bitcoin, rendant possible l’achat via un compte-titres traditionnel, chez son courtier habituel. Cela améliore l’expérience d’accès (garde professionnelle, procédures de sécurité et de paiement clarifiées, support identifié), mais ne change rien à la nature volatile de l’actif : un canal plus lisible n’est pas une promesse de stabilité de prix.
Côté or, le WGC documente des flux persistants vers les ETF or et le maintien du rôle de réserve au sein des banques centrales, ce qui ancre la place du métal jaune dans les portefeuilles institutionnels. Là encore, on parle d’actifs soutenus par des usages établis, pas d’un « peg » entre les deux.
Aujourd’hui, un investisseur peut intégrer plus facilement bitcoin et or dans un même portefeuille via des produits régulés, chacun avec ses atouts… et son risque.
Deux rôles complémentaires dans un portefeuille
L’or sert d’ancre de valeur : profondeur de marché, liquidité institutionnelle et rôle de réserve reconnu. Le repère de place XAU/USD (où XAU désigne l’once d’or) s’appuie sur le LBMA Gold Price, une enchère électronique administrée par ICE Benchmark Administration, conforme aux principes IOSCO ; c’est la référence pour parler du cours sans ambiguïté.
Bitcoin joue la mobilité numérique : un actif non souverain, transférable en quelques transactions sur un réseau ouvert en continu, et désormais accessible via des produits cotés. Il n’est pas un « francs suisses numérique » ni un gold coin indexé ; c’est une crypto de rareté programmable, exposée à une nouvelle courbe de demande (adoption, cas d’usage, cadres d’accès). Image utile (sans la prendre au pied de la lettre) : l’or « fixe » l’ancrage de valeur, bitcoin « fixe » la mobilité. On reste au-delà du slogan « or numérique », mais on comprend mieux la complémentarité.
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Guide investisseur: articuler or et bitcoin, sans mythe ni esbroufe
Dites clairement ce que vous cherchez : protéger votre épargne contre l’érosion des monnaies, diversifier vos actifs, ou préparer un investissement de long terme. Choisissez ensuite une devise de suivi (euro ou dollar) et fixez un cap simple pour votre portefeuille. Tout le reste – achat, rythme d’entrées, rééquilibrages – découle de cet objectif.
Les chemins les plus simples, aujourd’hui
Pour l’or, les voies les plus directes restent les pièces et les lingots, ou un compte métal chez AuCOFFRE ou VeraCash. Vous voyez votre cours, vous savez ce que vous possédez, et la logistique est prise en charge. Pour Bitcoin, passez par une plateforme claire et sécurisée comme CrypCool (compte, vérification, paiement, transactions, conservation). L’idée n’est pas de “faire un coup”, mais d’entrer proprement sur un marché 24/7 avec des produits et un support lisibles.
Garde et sécurité : trois réflexes
- Séparation des usages : l’or peut rester votre socle de valeur ; bitcoin est votre poche numérique mobile.
- Conservation : privilégiez des solutions sécurisées et documentées (accès, récupération, service client).
- Hygiène : mots de passe robustes, validation en deux étapes, vérification systématique du compte et des adresses de paiement.
Entrer par étapes (sans se crisper sur le “meilleur” prix)
Échelonnez vos achats sur plusieurs jours ou semaines. Cela lisse les prix et réduit le risque d’entrer au mauvais moment. Acceptez la hiérarchie naturelle : l’or bouge lentement ; bitcoin bouge plus vite. On calibre donc la taille de la position bitcoin en fonction de son niveau de tolérance au risque.
Regardez votre portefeuille dans son ensemble, pas seulement la dernière variation de cours. Fixez une date de revue simple (tous les 30 à 90 jours). Si l’une des poches a pris trop de place, on vend un peu de ce qui a le plus monté pour revenir à la répartition souhaitée. C’est la manière la plus sécurisée de garder la main, sans se laisser emporter par le bruit du marché.
À retenir en une ligne
Or = ancrage de valeur ; bitcoin = rareté programmable et mobilité. Les deux se complètent bien dans un même portefeuille, à condition d’accepter que leur risque n’est pas le même et de choisir des produits simples, aujourd’hui disponibles avec un support clair et fiable.