Paris, lundi 6 octobre 2025. Au cœur de l’actualité et de la politique françaises, le premier ministre Sébastien Lecornu a présenté sa démission moins de 24 heures après la nomination de son équipe, provoquant l’effondrement express du gouvernement Lecornu et une nouvelle crise institutionnelle. L’Élysée a confirmé que le président Emmanuel Macron a accepté cette démission, tandis que l’opposition — de la droite LR à la gauche socialiste — multiplie appels à la censure, à la dissolution et à des élections législatives anticipées.
Les dépêches internationales et les directs en France actent un épisode inédit dans l’histoire de la Ve République moderne et soulignent une onde de choc pour l’économie et la bourse.
Que s’est-il passé ? Faits vérifiés et chronologie (octobre 2025)
Chronologie resserrée, faits établis
- Dimanche soir : annonce de la composition du gouvernement Lecornu avec plusieurs membres de continuité, dont la nomination de Bruno Le Maire aux Armées (un ancien ministre de l’Économie), déclenchant des débats et crispations.
- Lundi matin : démission du premier ministre acceptée par le président ; le pays bascule en gestion courante.
- Dans la journée : la droite LR (Bruno Retailleau) et le parti socialiste réagissent publiquement ; appels au retour aux urnes (RN) ; le feuilleton institutionnel s’emballe article par article.
Pourquoi maintenant ? Le signal politique
Sans majorité, avec des alliés d’appoint refroidis par la nomination surprise de Bruno Le Maire aux Armées, et sans 49.3 pour faire passer le budget, le gouvernement était déjà politiquement intenable avant son premier conseil des ministres. Bruno Retailleau a expliqué en vidéos et en JT qu’il « ne se sent pas du tout responsable », pointant un « problème de confiance ».
Les leviers constitutionnels sur la table
Sur la question du vote du budget, la Constitution offre plusieurs options : article 49.3 (contournement du vote), article 50-1 (déclaration sans vote), article 12 (dissolution). Sébastien Lecornu avait publiquement écarté le 49.3, ce qui obligeait à construire des majorités article par article — une gageure dans l’Assemblée issue des législatives 2024.
Selon Reuters et Le Monde, nous sommes face à un pays sans majorité stable, avec trois chefs de gouvernement en moins d’un an, et un budget 2026 à écrire sous forte contrainte.
Comment l’Europe et le monde lisent la crise française
Crédibilité budgétaire et agences de notation
Les agences et investisseurs internationaux ravivent leurs alertes : Fitch, S&P et d’autres signalent que l’enjeu n’est pas la couleur politique mais la capacité d’exécuter des réformes et de voter un budget crédible, alors que le déficit reste proche du double du seuil européen (3 %) et que la dette flirte avec ~115 % du PIB. Plusieurs mises en garde ont été publiées dans la foulée de la démission.
Partenaires européens : stabilité d’abord
Comme le rapporte The Guardian, dans les capitales européennes, le sujet central est la continuité administrative — Affaires étrangères, Intérieur, Santé, Armées — et la possibilité de coalitions « techniques » sur des dossiers urgents. L’épisode du gouvernement Lecornu, jugé trop « de continuité » par des alliés de circonstance, nourrit les questionnements sur la vie politique française.
Réactions partisanes françaises, lisibles depuis l’extérieur
- En porte-parole des Républicains, (LR), Bruno Retailleau déclare assumer une ligne de fermeté et refuse de « cautionner » un exécutif qui ne tiendrait pas ses promesses de rupture ; il pointe la nomination de Bruno Le Maire aux Armées et les méthodes de négociation.
- Le Rassemblement National (RN) quant à lui, appelle à la dissolution immédiate et à de nouvelles élections législatives.
- Gauche socialiste : demande d’un cap budgétaire plus redistributif ; position charnière dans une stratégie de compromis article par article.
Réactions des marchés : actions, OAT, euro
- La Bourse de Paris recule : le CAC 40 perd environ 1,5 à 2 %. Les banques décrochent de 4 à 5 %, et les valeurs moyennes suivent le mouvement. En clair, beaucoup d’investisseurs vendent ou reportent leurs décisions tant qu’ils n’ont pas de visibilité sur le budget et les réformes.
- Le taux à 10 ans de la France se rapproche de 3,59 %. L’écart avec l’Allemand (le Bund) se creuse et les CDS (une forme d’assurance contre le défaut d’un État) passent 41 points de base. Concrètement, prêter de l’argent à la France devient un peu plus cher. Lors des prochaines ventes d’obligations (adjudications), le Trésor pourrait donc devoir offrir un rendement légèrement plus élevé pour attirer les acheteurs.
- L’euro recule d’environ 0,7 % (autour de 1,1665 $). L’incertitude politique en France s’ajoute à d’autres dossiers mondiaux, et beaucoup de grandes salles de marché préfèrent attendre des signaux plus clairs avant de reprendre du risque.
- Question à surveiller : jusqu’où la politique intérieure française peut-elle contaminer la perception économique de la zone euro ? Les prochains résultats d’adjudication, l’achat d’OAT par les institutionnels et le ton de la BCE seront scrutés.
Actifs « refuge » et alternatifs : or et Bitcoin en mouvement
Or : record historique au-dessus de 3 900 $/oz
L’once franchit un record et s’approche de 3 950 $ dans un contexte d’achats de sécurité, d’anticipations de baisse de taux de la Fed et de bruit politique global (États-Unis, Japon, France). La demande d’achat d’or physique et papier se renforce, comme souvent en phase de crise politique.
Bitcoin : près de son ATH, après un pic > 125 000 $
Le marché des cryptos demeure ferme : BTC a inscrit un nouveau sommet au-dessus de 125 000 $ dimanche soir, avant de consolider légèrement aujourd’hui. Les flux d’achat restent soutenus par la demande institutionnelle et un contexte macro fait d’incertitude et de quête de diversification hors euros.
Face aux chocs d’actualité politique, ces deux actifs réagissent souvent en miroir du risque souverain : plus la trajectoire budget/réforme vacille, plus l’achat tactique sur l’or et Bitcoin s’anime.
Scénarios macro et fiscalité : PFU/flat taxe à 36 % ? Ce qui est (et n’est pas) sur la table
Ce que disent les sources… et les limites de l’info
Des fuites de travail budgétaire laissent entendre qu’un relèvement du PFU (flat taxe) de 30 % à 36 % est à l’étude pour 2026 — rien n’est arbitré au moment d’écrire ces lignes. Bloomberg Tax (citant Les Échos) a évoqué cette fourchette ; Public Sénat résume la situation : hypothèse étudiée, mais décision suspendue au futur gouvernement et à l’équilibre parlementaire. Compter, selon plusieurs estimations relayées, ~1,4 à 1,5 Md€ de recettes supplémentaires si l’article venait à être retenu.
Parallèlement, Reuters rapportait ce week-end que Sébastien Lecornu explorait des pistes ciblant les très hauts revenus (250 000 euros et plus), afin de rallier une partie de la gauche socialiste pour passer le budget article par article — avant sa démission.
Implications pour les investisseurs (et pour l’achat de placements)
- Dividendes / plus-values : un PFU à 36 % renchérit la fiscalité du capital ; hiérarchie rendement/risque à recalculer pour l’achat d’actions (compartiment Paris) et l’achat d’OPC/ETF.
- Obligations : si la prime OAT-Bund reste élevée, les conditions d’achat d’obligations souveraines et corporate françaises intègrent une économique moins lisible.
- Or / Bitcoin : l’achat de « valeurs refuge » peut rester soutenu si la Constitution est mobilisée (49.3, dissolution) sans horizon clair.
Question clé : un compromis article par article avec des député·e·s du centre et de la gauche socialiste suffit-il à passer un budget crédible… ou une censure finira-t-elle par tomber ?
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La France, puissance moyenne sous contrainte : lecture stratégique internationale
Le très bref gouvernement Lecornu — avec l’épisode de la nomination de Bruno Le Maire aux Armées — a été lu comme un signal de continuité plus que de changement. De l’UE aux marchés « monde », l’enjeu n’était pas la culture d’appareil, mais la capacité à stabiliser la scène intérieure pour redevenir lisible sur les dossiers européens (industrie, énergie, santé, intérieur/sécurité).
Des responsables républicains (LR) comme Bruno Retailleau ont occupé l’espace médiatique lundi matin, parfois en vidéos, tandis que Éric Ciotti — autre voix de la droite — plaidait pour « repartir sur des bases saines ». Ces signaux nourrissent la couverture internationale, qui replace l’épisode dans une séquence ouverte depuis les législatives 2024.
Pour les partenaires : sans trajectoire réforme + budget solide, l’influence française s’érode — pas par défaut d’homme ou de « casting » de ministre, mais par manque de stabilité décisionnelle.