La naissance du cadet de Bitcoin


Ethereum est le deuxième cryptoactif en terme capitalisation de marché. C’est en 2015 que Vitalik Buterin, un informaticien Russo-canadien passionné par Bitcoin depuis 2011, crée Ethereum. Souhaitant étendre les possibilités de Bitcoin à d’autres usages que le paiement, Buterin, après avoir participé au développement du Bitcoin, décida finalement de créer une blockchain indépendante, dont l’unité de compte est l’Ether (ETH).

La révolution est en marche


Comparable à un super-ordinateur décentralisé, cette blockchain permet notamment d’héberger des “dApps” (decentralized Applications). Ces dApps sont des applications décentralisées qui fonctionnent au moyen de “Smart contract” ou contrat intelligent, un concept imaginé quelques décennies plus tôt par Nick Szabo, dont les travaux ont inspiré Satoshi Nakamoto, le créateur de Bitcoin.

Ethereum crypto

Ces smart-contracts sont des programmes autonomes. Ils s’exécutent quand les paramètres requis par le créateur sont remplis. Ceux-ci permettent notamment de limiter le risque de contrepartie. Si toutes les conditions d’exécution du contrat sont remplies, celui-ci est automatiquement exécuté et aucune des parties ne peut faire défaut. Ces contrats sont tout de même limités à l’environnement blockchain Ethereum. Même si certaines données extérieures peuvent être ajoutées grâce à l’utilisation d’oracles, des programmes capables d’importer des données extérieures à la blockchain dans celle-ci.

Nos chemins se séparent ici…


L’utilisation de ces smart-contract a également rendu possible la création de “DAOs” (Decentralized Autonomous Organisation) ou organisation autonome décentralisée. Ces organisations décentralisées fonctionnent sous l’égide d’une gouvernance assurée par un ensemble de règles prédéfinies. La première, “The DAO”, forte d’une levée de 150 millions de dollars en ether, voit le jour en 2016. Elle n’échappa cependant pas à un hack détournant les fonds investis.
La communauté Ethereum décida alors de réaliser un “Fork fort”, c’est-à-dire un changement de règles, tel qu’un logiciel validant un bloc selon les anciennes règles verra les blocs produits selon les nouvelles règles comme invalides. Dans ce type de fork, tous les nœuds destinés à fonctionner conformément aux nouvelles règles doivent mettre à jour leur logiciel.
Par conséquent, la communauté décida de reprendre la blockchain dans son état précédant le hack, afin de restituer les fonds volés à The DAO. Une partie minoritaire de la communauté n’a pas souhaité rejoindre le fork. En a résulté une séparation de la blockchain primaire en deux blockchains distincte : Ethereum Classique sur laquelle le hack a eu lieu et Ethereum qui a recommencé la validation de bloc avant le hack.

Un écosystème riche, créatif et ouvert


Ainsi, les deux blockchains partagent le même historique avant le fork, mais sont complètement indépendantes après celui-ci. C’est ce procédé qui servirait en cas d’attaque majeur contre une blockchain. Ethereum donne en outre la possibilité de créer des crypto-monnaies sur sa blockchain, que l’on appelle “tokens” ou jetons, qui se différencient des “coins” ou pièces que sont bitcoin ou l’ether, qui possèdent leur propre blockchain.
Le standard de token le plus commun est l’ERC-20, qui est le plus proche d’un coin. C’est notamment celui qu’on utilise dans le cadre des “ICOs” (Initial coin offering), des levées de fonds réalisées en cryptoactifs contre des cryptoactifs liés aux projets financés. Le second standard le plus courant et connu est l’ERC-721 qui attribue une propriété unique à chaque token, plus connu sous l’appellation “NFT” pour “Non-Fungible Token” ou jeton non fongible.

Stagner, c’est reculer !


La blockchain Ethereum n’est pas figée dans le marbre. Elle conserve une évolutivité orchestrée grâce à une réflexion commune, ainsi qu’une prise de décision issue d’un consensus adopté par la communauté.
Ethereum 2.0, également appelé Serenity, consiste en une mise à jour majeure du réseau Ethereum visant à améliorer ses performances, sa sécurité et sa durabilité.

Cette mise à jour concerne deux principaux aspects de la blockchain Ethereum :

  • Le passage de PoW à PoS
  • Le sharding

Le passage de la preuve de travail, dite PoW (Proof of work), à la preuve d’enjeux, appelée PoS (Proof of stack), modifie le mécanisme de consensus d’Ethereum. L’objectif est de réduire drastiquement l’impact écologique de l’écosystème Ethereum, et d’en améliorer la scalabilité. La preuve d’enjeux fonctionne grâce à une mise en gage d’une certaine quantité d’Ether par les validateurs, qui servent de garantie pour participer au consensus, donc à la sécurité du réseau.

2.0


Ethereum 2.0 est déployé en plusieurs phases. La phase 0 (Beacon Chain) a été lancée en 2020. L’implémentation Beacon Chain s’inscrit dans la lignée du passage de PoW au POS. C’est une nouvelle chaîne de blocs PoS qui coordonne les validateurs et gère le mécanisme de consensus PoS. Elle est déjà opérationnelle depuis décembre 2020.

Ethereum 2.0 introduit par ailleurs le sharding, qui vise à améliorer la sécurité, l’évolutivité et la performance de la blockchain. Le sharding consiste à diviser la chaîne de blocs en de multiples fragments appelés « shards« . Cela permet de traiter plusieurs transactions simultanément. Cette implémentation est possible grâce à la coordination via la Beacon Chain. Celle-ci sert de point central de coordination pour les shards. Elle enregistre les en-têtes de blocs de chaque shard et coordonne la sélection des validateurs. Elle gère également le consensus de preuve d’enjeu pour tout le réseau.

Le sharding permet par ailleurs une réduction des frais de transaction et le décongestionnement du réseau. Il améliore ainsi l’expérience des utilisateurs.

Cap vers le large


En résumé, Ethereum 2.0 est une mise à jour majeure du réseau Ethereum qui vise à améliorer ses performances, sa sécurité et sa durabilité en adoptant la preuve d’enjeu, le sharding et d’autres innovations technologiques. Ce processus se fait progressivement par le biais de phases de transition.

L’enjeu était de taille pour la blockchain Ethereum. La cryptosphère avait les yeux rivés sur cette transition. Risqué, le jeu en valait la chandelle. Le déploiement d’Ethereum 2.0 s’est finalement déroulé en douceur, étape par étape, et constitue une véritable réussite, de bon augure pour la suite.

La blockchain Ethereum est une prouesse technologique, évolutive, proposant un écosystème riche aux champs des possibles nombreux. Celle-ci avance avec prudence, préférant le consensus et la sécurité pour continuer sa quête.