Guerre et crypto : vers une nouvelle géopolitique des actifs numériques

Depuis 2022, les conflits géopolitiques majeurs ont accru les tensions extrêmes sur les marchés financiers. L’univers des cryptomonnaies, particulièrement sensible aux chocs exogènes, a vu émerger une dynamique inédite où guerre et crypto interagissent et se répondent, bouleversant les repères traditionnels des investisseurs.

Guerre et crypto impact

Guerre Russie–Ukraine (2022) : début de l’ère géopolitique crypto

Un contexte de fragilité post-bull run

Début 2022, Bitcoin évoluait dans une phase de consolidation, après avoir atteint 60 000 $ à la suite d’un bull run historique. La guerre déclenchée par la Russie le 24 février 2022 a provoqué un séisme.

Réaction immédiate des marchés

Bitcoin a d’abord réagi à la hausse, avant de s’effondrer de plus de 50 % en quelques semaines. L’effet des sanctions contre la Russie, les craintes de récession mondiale, et la baisse de la liquidité ont pesé lourdement.

Selon l’étude d’Isaac Appiah-Otoo (Asian Economics Letters), une augmentation de 1 % de l’intensité du conflit entraîne une baisse de 0,2 % à 0,8 % du volume d’échanges de Bitcoin. Les rendements, quant à eux, sont affectés de manière asymétrique, mais la tendance moyenne est négative sur le long terme.

Guerre Israël–Hamas (2023) : une surprise haussière dans la tempête

Un rebond inattendu post-bear market

À l’automne 2023, Bitcoin sortait lentement de son plus long marché baissier (69 000 $ → 15 000 $). Lors de l’attaque du Hamas le 7 octobre, les observateurs s’attendaient à une nouvelle chute… mais le contraire s’est produit.

Une montée fulgurante

Bitcoin a quasiment doublé de valeur en quelques mois. Cette dynamique haussière s’est nourrie d’un regain d’intérêt pour les actifs décentralisés, dans un climat d’insécurité croissante.

« Le conflit Israël–Hamas n’a pas freiné les investisseurs, au contraire : ils y ont vu une protection contre le chaos. »

Tensions Iran–Israël (2025) : Bitcoin sous pression, memecoins à la dérive

Choc du 13 juin 2025 : un bain de sang numérique

Le marché crypto perd 230 milliards de dollars en 24 heures. Bitcoin chute sous les 104 000 $, Ethereum abandonne 10 %, les memecoins décrochent jusqu’à −9 %.

Cyberattaques et représailles

L’exchange iranien Nobitex est piraté pour 81,7 millions de dollars, en plein conflit.

« La guerre numérique est une extension directe du conflit sur le marché crypto. »

Guerre et crypto : leçons clés pour les investisseurs

Bitcoin, actif refuge ou actif spéculatif ? Une ambivalence révélée par les conflits

Le comportement de Bitcoin en période de crise géopolitique reste ambivalent. Dans certains cas, comme le conflit Israël–Hamas en 2023, il a été perçu comme une alternative aux devises traditionnelles, enregistrant une forte hausse. Mais dans d’autres contextes, comme la guerre en Ukraine ou les tensions Iran–Israël, il a fortement chuté, emporté par la recherche de liquidité.

Bitcoin n’est donc pas systématiquement comme un actif refuge au sens classique, mais peut en adopter le rôle selon le type de crise, la perception du risque et la confiance dans les institutions. Il reste un actif sensible aux mouvements de marché, et à l’interprétation qu’en font les investisseurs.

La volatilité : constante de la guerre et des cryptos

Binance Square rappelle : « Bitcoin réagit plus fort que n’importe quel actif traditionnel aux tensions géopolitiques. »

Cette sensibilité s’explique par la nature même du Bitcoin : décentralisé, non adossé à un État, et fortement influencé par le sentiment de marché. À la moindre escalade géopolitique, il peut enregistrer des mouvements violents – haussiers ou baissiers – amplifiés par son accessibilité mondiale et la rapidité de réaction de ses investisseurs. En ce sens, Bitcoin agit comme un sismographe financier, captant et amplifiant les secousses de l’actualité internationale.

Guerre et crypto : comment ajuster sa stratégie d’investissement

Éviter les réactions émotionnelles

  • Ne pas vendre en panique ni sur-investir en période de crise.

  • Garder une allocation diversifiée pour lisser les chocs.

Diversification recommandée

En période de trouble géopolitique et financier mondial, la diversification reste l’un des meilleurs remparts contre la volatilité. Chez CrypCool, cela passe par :

  • Le Bitcoin, actif majeur mais volatil, au cœur des mouvements de marché.

  • L’or tokenisé VeraOne (VRO), adossé à de l’or physique conservé hors système bancaire, qui peut jouer un rôle de stabilisateur en période de crise.

  • L’Ethereum, souvent utilisé dans les phases de reprise des marchés ou dans les écosystèmes décentralisés.

Il est également possible, hors de CrypCool, de compléter cette diversification avec des actifs plus défensifs (or physique, produits d’épargne, cash) ou des produits dérivés, pour les profils avertis. Mais l’essentiel reste : ne pas tout miser sur un seul actif, même en temps de crise.

Guerre et crypto : une relation amenée à se renforcer

Les États face aux cryptos en temps de guerre

Les sanctions économiques internationales, notamment celles imposées à la Russie depuis 2022 et à l’Iran depuis plusieurs années, ont poussé ces pays à chercher des alternatives aux réseaux financiers traditionnels contrôlés par l’Occident. Dans ce contexte, les cryptomonnaies apparaissent comme un levier de contournement, qu’il s’agisse d’exportations discrètes, de règlements transfrontaliers ou d’évasion des sanctions SWIFT. Moscou comme Téhéran ont ainsi publiquement exprimé leur intérêt pour les règlements internationaux en crypto ou en monnaies numériques de banque centrale non occidentales.

Du côté des États-Unis, la stratégie est plus ambivalente : l’administration reconnaît le rôle stratégique croissant des actifs numériques – tant pour l’innovation que pour la compétitivité – mais multiplie en parallèle les mesures de régulation et de contrôle face aux risques de blanchiment, de financement du terrorisme ou d’évitement des sanctions. Cette tension entre ouverture technologique et volonté de maîtrise réglementaire reflète bien le rôle géopolitique que prennent les cryptos dans un monde multipolaire.

2025: année charnière pour Bitcoin

L’élection d’un président américain ouvertement pro-crypto en 2024 a provoqué une vague d’optimisme sur les marchés début 2025. Les investisseurs ont anticipé un assouplissement réglementaire, une meilleure reconnaissance institutionnelle des cryptomonnaies et, pour certains, un alignement plus clair entre innovation technologique et politique économique.

Cette dynamique a porté le cours du Bitcoin à la hausse dans les premières semaines de l’année. Mais le regain de tensions géopolitiques, notamment au Moyen-Orient, est venu tempérer cet enthousiasme. Face à la montée des risques internationaux, la prudence revient : les marchés restent nerveux, oscillant entre espoir d’un cadre favorable aux cryptoactifs et inquiétude face aux chocs exogènes. Cette dualité reflète bien le climat actuel : un avenir crypto-prometteur, mais suspendu aux équilibres géopolitiques mondiaux.

Conclusion : guerre et crypto, miroir d’un monde instable

Depuis 2022, chaque conflit a apporté son lot de surprises et de leçons sur le marché des cryptomonnaies. Guerre et crypto forment désormais un binôme indissociable de l’analyse des marchés. Dans ce nouvel environnement, la compréhension des dynamiques géopolitiques devient indispensable pour gérer son exposition aux actifs numériques.