La chute crypto que nous observons en ce mois de novembre 2025 résulte d’une combinaison de liquidations massives, d’un contexte macro tendu et d’indicateurs techniques particulièrement défavorables.
Le bitcoin, repassé sous les 90 000 dollars pour la première fois depuis mars (soit près de –30 % par rapport à son sommet d’octobre) et la liquidation de plus de 1 200 milliards de dollars de capitalisation effacent quasiment tous les gains de 2025 et ravive la peur d’une baisse durable tandis que les investisseurs tentent encore de digérer les secousses d’octobre.
Chez CrypCool, nous constatons que la question n’est pas tant “pourquoi ça baisse ?”, mais “s’agit-il d’un simple repli, ou du début d’un cycle baissier plus large ?” Pour répondre, il faut remonter au fil des événements et comprendre leurs ramifications.
Liquidations et signaux techniques : le marché vacille
Le choc du 10 octobre
Un événement majeur à l’échelle de la crypto
Le week-end du 10 octobre reste le point de rupture majeur de l’année. Près de 19 milliards de dollars de positions à effet de levier ont été liquidés en 24 heures, comme l’indiquent Bloomberg et CCN. Il s’agit d’un des plus grands épisodes de liquidations de l’histoire des cryptomonnaies, marquant le début d’une séquence de volatilité extrême.
Impact direct sur le sentiment des traders
Cette déflation brutale a laissé une empreinte durable sur le sentiment des traders. De nombreux acteurs ont fui les positions risquées, ce qui a intensifié les ventes mécaniques, notamment sur les petites cryptomonnaies. Mais elles n’ont pas touché seulement les positions les plus risquées. Elles ont fracturé un élément plus fragile encore : le sentiment de confiance.
Dans ce type de marché, la mécanique est simple :
les traders très exposés se font liquider,
cela provoque des ventes forcées,
qui entraînent d’autres ventes,
ce qui fait chuter le cours du bitcoin,
ce qui provoque encore plus de liquidations.
Une réaction en chaîne qui marque les esprits et fragilise durablement les projections à court terme.
Les liquidations qui se poursuivent en novembre
Les secousses ne se sont pas arrêtées là. Depuis le début du mois, plus de 20 milliards supplémentaires ont été liquidés, dont 1,3 milliard sur la seule journée du 18 novembre.
Le levier : un amplificateur de baisse
Beaucoup d’utilisateurs ignorent à quel point le levier rend le marché plus brutal. Lorsqu’un actif comme le bitcoin perd quelques milliers de dollars en quelques heures, les positions trop ambitieuses atteignent rapidement leur seuil de liquidation. Résultat :
une baisse qui semble anodine se transforme en perte massive,
les petites cryptomonnaies sont encore plus touchées,
la volatilité explose.
Ce n’est pas la première fois, mais cette fois, la cascade survient après un sommet historique en octobre, ce qui accentue le contraste.
Le death cross et les seuils cassés
À ces tensions s’ajoute un signal technique fort : un death cross, croisement baissier entre deux moyennes mobiles est souvent interprété comme un avertissement.
Ce que cela change pour les investisseurs
Lorsqu’un death cross apparaît en même temps que des niveaux actuels importants sont cassés, cela modifie profondément la psychologie du marché :
les seuils techniques deviennent des résistances,
les investisseurs hésitent à recharger,
le marché devient plus sensible à la moindre nouvelle négative.
Même un léger rebond, comme celui observé après le passage sous 90 000 dollars, n’a pas suffi à apaiser la nervosité.
Un contexte macro qui accentue la baisse
Shutdown américain et prudence des investisseurs
Comme le rapporte Reuters, le shutdown américain le plus long de l’histoire moderne a créé une onde d’incertitude dans toute la finance mondiale.
Pourquoi un effet immédiat sur le marché crypto ?
Parce que les marchés traditionnels et les actifs numériques ne vivent plus dans deux mondes séparés. Quand les américains deviennent prudents, les flux diminuent :
moins de prises de risque,
moins d’exposition aux actifs volatils,
plus d’argent qui retourne vers les obligations, le cash… ou l’or.
Le climat global devient alors un terreau idéal pour une baisse prolongée.
Sentiment des investisseurs américains
Lorsque les institutions américaines réduisent leur exposition aux actifs risqués, cela crée un effet domino sur les cryptomonnaies, notamment via les actions technologiques et les flux ETF.
Taux, inflation et corrélations financières
La Fed a abaissé ses taux de 25 points de base, comme le rapportent AP News et The Guardian, mais Jerome Powell a immédiatement refroidi les attentes : la trajectoire future reste incertaine.
Une volatilité nourrie par les annonces macro
Quand les marchés n’ont plus de visibilité :
la corrélation entre crypto et actions augmente,
les traders deviennent nerveux,
les variations s’amplifient.
Dans ce contexte, les capitalisations chutent rapidement et les stratégies prudentes dominent.
L’or à 4 000 dollars : un symptôme de défiance
L’or dépassant 4 000 dollars l’once est un signal très clair : les capitaux cherchent un refuge.
Ce que cela dit de la psychologie du marché
L’or grimpe généralement lorsque :
le risque perçu augmente,
les marchés redoutent un retournement,
les investisseurs anticipent des pertes sur les actifs volatils.
La crypto n’est pas isolée : elle subit la même mécanique que l’ensemble des classes d’actifs risquées.
Whales, institutions et innovations malgré la chute
Les whales accumulent et réorganisent le marché
Une stratégie de long terme
Pendant que le marché baisse, les gros porteurs – autrement appelés whales ou baleines – accumulent. Plusieurs rapports montrent des achats équivalents à une semaine de production minière. Ce contraste entre la surface (panique, pertes, mouvement haché) et la profondeur (accumulation, stratégie de longue durée) est typique de ces phases.
Les whales profitent des zones de valeur, où la plupart voient de la peur, pour renforcer leurs positions. Cela n’empêche pas le marché de baisser, mais cela prépare le terrain pour le prochain cycle.
Dans ce climat tendu, les investisseurs institutionnels montrent des signes d’intérêt contrastés. Après une journée marquée par près de 1 milliard de dollars de sorties sur les ETF Bitcoin Spot, les flux sont redevenus positifs avec 150 millions de dollars d’entrées nettes. Ce rebond reste modeste, mais il indique que certains acteurs profitent de la baisse pour “racheter la nouvelle”, malgré un environnement toujours incertain.
Un autre facteur d’inquiétude s’est ajouté : un déplacement massif de fonds liés à la défunte plateforme Mt. Gox. Selon Arkham Intelligence, environ 10 600 BTC — soit près de 1 milliard de dollars — ont été envoyés vers de nouvelles adresses. Historiquement, ce type de mouvement précède les phases de remboursement aux créanciers victimes du piratage de 2014 nourrissant ainsi des craintes d’une pression vendeuse massive. Toutefois, l’échéance finale ayant été repoussée à octobre 2026, cet impact pourrait être étalé dans le temps et non immédiat.
Une stratégie rationnelle malgré la chute
Pourquoi acheter maintenant ?
parce que les niveaux actuels sont vus comme attractifs ;
parce que le risque perçu par les autres crée de meilleures opportunités ;
parce que les baleines pensent en terme de cycles, pas en variations de quelques heures ;
parce que la pression de vente finit toujours par se dissiper.
Cette approche long terme ne protège pas d’un repli aujourd’hui, mais elle donne une lecture différente du marché.
Les mêmes signaux sont observés sur ETH (360 millions de dollars en une semaine, selon Forklog) et sur Chainlink.
Les institutions accélèrent malgré le marché baissier
Franklin Templeton lance le premier ETF XRP,
VanEck débute le trading de son ETF Solana,
Bitwise serait en pourparlers pour élargir sa gamme d’ETF altcoins,
Grayscale confirme l’arrivée d’un ETF Dogecoin en novembre,
21Shares dépose un ETF dédié au Canton Network,
Et le CBOE ouvrira dès le 15 décembre des contrats futures Bitcoin et Ethereum tradables 24/7, une étape clé pour rapprocher les dérivés crypto des standards des marchés traditionnels.
Même dans un marché baissier, la conviction institutionnelle semble donc largement intacte.
Confidentialité, euro numérique et innovations structurantes
La privacy comme réponse à un marché sous pression
Dans les phases de baisse, les utilisateurs se tournent vers des solutions qui leur redonnent du contrôle et limitent leur exposition. C’est dans ce contexte que Vitalik Buterin a présenté Kohaku, un nouvel outil destiné à permettre des transactions plus confidentielles sans renoncer à la conformité réglementaire.
L’innovation répond à une tendance de fond : lorsque le marché devient instable, la valeur perçue de la confidentialité augmente, car les utilisateurs cherchent à protéger leurs flux et à réduire les risques liés à la transparence totale.
Régulation, euro numérique et cadre institutionnel
Parallèlement, les grandes institutions continuent à poser les bases de l’avenir monétaire : les débats sur l’euro numérique progressent, et les régulateurs européens examinent plus attentivement l’impact des cryptomonnaies sur les paiements, la gestion du capital et la supervision financière.
Même dans un marché en repli, ces sujets avancent car ils structurent le prochain cycle : les États veulent encadrer, les entreprises veulent innover, et les utilisateurs cherchent un compromis entre confidentialité, sécurité et facilité d’usage.
FAQ - La chute crypto de novembre 2025
Pourquoi le marché crypto baisse-t-il en novembre ?
À cause des liquidations d’octobre, de la réduction du risque par les institutionnels, et d’un contexte macro tendu.
Le bitcoin peut-il rebondir rapidement ?
Le rebond dépendra de sa capacité à reprendre plusieurs seuils techniques. La volatilité peut rester élevée dans les prochaines heures.
Les altcoins sont-ils plus touchés ?
Oui. Les altcoins, surtout les petites cryptomonnaies, subissent souvent des pertes plus massives.
Que recommande CrypCool ?
D’adopter une vision long terme, de surveiller le niveau du bitcoin et d’ajuster son exposition au risque.
Les whales influencent-elles la tendance actuelle ?
Elles accumulent aux points bas, mais cela n’empêche pas la baisse de surface.