Les généraux Byzantins


Il y a eu de nombreuses tentatives de création d’une monnaie 100% virtuelle avant le bitcoin, les premières expériences de création d’une monnaie décentralisée remontent aux années 1990 au sein de la communauté des  » CypherPunks « , un groupe d’activistes qui militent pour le respect de la vie privée sur Internet, grâce à l’utilisation de la cryptographie.

Les premières idées similaires à la technologie blockchain ont été théorisées par David Chaum un chercheur en cryptographie. À travers sa thèse « Computer Systems Established, Maintained and Trusted by Mutually Suspicious » publiée en 1982, il présente un système informatique permettant d’atteindre un consensus au sein d’un groupe d’acteurs qui ne se font pas confiance. Ce problème est souvent représenté comme le problème des généraux byzantins.

Les premières expériences


En 1992, David Chaum, aujourd’hui considéré comme le précurseur du mouvement CypherPunk, crée sa société. « Digicash » ainsi que le « Ecash » un projet de monnaie numérique qui protège l’anonymat du payeur. La grande différence avec le Bitcoin est qu’il s’agissait d’un système centralisé par Digicash et qu’il dépendait des banques. Malheureusement, la société a fait faillite en 1998 en raison d’un manque d’adoption par les commerçants ainsi que d’une trop grande technicité pour être utilisé par la masse croissante d’utilisateurs d’Internet à cette époque.

D’autres projets similaires ont émergé durant cette période, comme le Hawthorne Exchange (1993) une place de marché permettant l’échange de jetons, Cybercash (1996) un système de micro-paiement fonctionnant avec des Cybercoins, mais toutes ces sociétés ont connu le même sort que Digicash.

Des challengers malherueux

Cependant, certaines entreprises ont connu un certain succès pendant plusieurs années :

  • E-gold : fondée par Douglas Jackson et Barry Douney en 1996 aux États-Unis. Ce service avait pour but de permettre l’achat et l’envoi d’or numérique sur internet de façon anonyme et de manière que la valeur soit garantie par un stock d’or physique détenu par la société. La société est rapidement à son apogée en 2005, elle était la deuxième plus grande plateforme de paiement sur internet derrière PayPal, la société possède un stock de 3,6 tonnes d’or, gère près de 2,7 millions de comptes et 75 000 transactions par jour pour un volume annuel de 3 milliards de dollars. Son caractère anonyme et la facilité d’accès sur internet en font un passage privilégié pour les pratiques illicites, malgré la coopération de la plateforme avec les agences gouvernementales afin de rester en conformité avec la réglementation en vigueur, la société a été fermée en 2007 et les associés ont été inculpés pour avoir facilité le blanchiment d’argent et pour activité de transfert d’argent sans licence.
  • Liberty Reserve : fondée par Arthur Budovsky en 2006 au Costa Rica, une société qui permet d’envoyer des dollars, des euros ou des grammes d’or par Internet, partout dans le monde, avec des transactions irréversibles à faible coût. La société était clairement orientée vers la confidentialité des clients afin d’attirer les activités illégales sur sa plateforme. La société étant devenue une plaque tournante de la cybercriminalité, elle a été fermée en 2013 et son propriétaire arrêté. C’était le dernier service monétaire centralisé non régulé de ce type.

Les idées les plus proches


B-money : un système de paiement décentralisé par pseudonyme imaginé en 1998 par le cryptographe chinois Wei Dai connu pour être un membre actif du mouvement CypherPunk dans les années 90. L’unité de compte serait produite par le coût équivalent de la puissance de calcul utilisée pour résoudre une énigme mathématique sans valeur. La valeur de cette puissance de calcul serait calculée sur la base d’un panier de produits standard. Dans son protocole, chaque partie prenante possède une base de données indépendante pour enregistrer la transaction. Les transferts sont publics et authentifiés en les signant avec un pseudonyme personnel tel qu’une clé publique, afin de les sécuriser. Pour éviter les abus, le portefeuille de l’expéditeur serait contrôlé par la partie prenante qui met à jour sa base de données si l’expéditeur possède le montant ou ignore la transaction si les fonds disponibles sont inférieurs au montant envoyé. Le protocole B-money permettrait également d’exécuter des contrats décentralisés et pseudonymes avec un arbitre/juge tiers.

Bit Gold : un protocole distribué imaginé la même année par Nicholas J. Szabo, un informaticien, juriste et cryptographe qui a travaillé pour la société DigiCash de David Chaum. Son système est une chaîne décentralisée de preuves de travail basée sur un grand livre distribué associé à la clé publique du propriétaire. La principale différence avec le Bitcoin est la nature des unités sous-jacentes, Bitcoin utilise une unité de compte (bitcoin) qui est fongible et divisible, ce qui signifie que toutes les unités partagent la même valeur, alors que le Bit Gold est basé sur des preuves de travail horodatées qui ne peuvent être ni divisées ni fusionnées. Chacune d’entre elles aurait une valeur variable en fonction de la difficulté à résoudre la preuve de travail à échanger, pour cette raison, ces unités seraient rassemblées sous forme de paquets de valeurs équivalentes.

Satoshi a ensuite confirmé sur le forum bitcointalk que le bitcoin est une mise en œuvre de ces deux propositions.

Le mystérieux Satoshi Nakamoto