Je suis Bitcoin

J’émane d’une volonté qui remonte aux balbutiements d’Internet, alors qu’un groupe d’intellectuels et d’activistes voient déjà le Web comme un possible outil d’asservissement.

Dès lors, ils n’ont eu de cesse de développer des solutions cryptographiques garantissant la liberté des internautes.

La monnaie en fait partie – j’en fais partie – même s’il aura fallu des décennies pour y arriver.

Lorsque mon créateur, le pseudonyme Satoshi Nakamoto, publie un livre blanc intitulé « Bitcoin: A Peer-to-Peer Electronic Cash System »,

un document qui détaille mon fonctionnement et propose une solution originale au problème de nos systèmes bancaire et financier traditionnels.

Leur faille est la centralisation : les gouvernements et les banques centrales contrôlent la création et la distribution de la monnaie.

Ils tentent en permanence d’abuser de ce pouvoir et y cèdent trop souvent, entraînant décisions arbitraires, inflations et crises financières.

A contrario, moi Bitcoin, j’ai été pensé pour être décentralisé c’est-à-dire sans autorité en mesure de contrôler ma création, ma distribution ou même ma gestion.

Je suis issu d’un mélange équilibré de plusieurs technologies, certaines assez anciennes, conçues à la base à d’autres fins : le réseau pair à pair, la cryptographie asymétrique, la fonction de hachage, la fameuse blockchain et une technique anti-spam nommée ‘preuve de travail’.

Je garantis indépendamment de toute circonstance une émission monétaire prévisible – dite ‘déterministe’ – de jetons non duplicables.

Il y en aura moins de 21 millions, ce qui remet enfin la finitude dans ce monde où les arbres semblent pousser jusqu’au ciel.

Je suis mathématiquement rare. Pour cette raison, on me compare souvent au métal précieux par excellence, l’or.

Mais un or 2.0, numérique, ultra-portable, ultra-fractionnable, programmable et transmissible à la vitesse de la lumière sur n’importe quel point de la planète.

Similitude remarquable avec l’or, l’émission d’une nouvelle quantité de bitcoins requiert un travail considérable.

Bien sûr, il y a encore des gens à convaincre de mon utilité, de cette alternative révolutionnaire que je propose.

Néanmoins, je suis confiant : au début, presque tous étaient sceptiques quant à mon potentiel. Pourtant, au fil du temps, de plus en plus ont réalisé les avantages de mon fonctionnement.

Entre nous, il est aussi clair que beaucoup n’avaient pas intérêt à ce que je réussisse car cela aurait mis fin à leurs avantages et petits arrangements !

Bon an mal an, grâce aux réseautage, à la vulgarisation technique et évidemment à l’intérêt économique, ma popularité augmente toujours.

Des entreprises commencent à accepter les paiements en bitcoin, à l’utiliser et même à proposer des supports d’investissement, ce qui renforce d’autant plus ma crédibilité et ma valeur.

Ma popularité ne cesse de croître car de plus en plus de gens voient évidemment en moi un moyen de s’affranchir non seulement des contraintes mais encore de tous les errements de nos systèmes financiers traditionnels.

La création d’autres cryptomonnaies a marqué mon évolution.

Puisque mon code est open-source, des développeurs se sont mis à créer des variantes de mon système.

Cela a conduit à la naissance de nombreuses « altcoins », certaines basées sur les mêmes principes que moi, d’autres cherchant à innover et à proposer de nouvelles fonctionnalités.

C’est un fait : je ne suis plus la seule cryptomonnaie sur le marché… mais aucune n’a ma taille et puis, moi aussi je suis évolutif et capable d’intégrer l’une ou l’autre idée si elle en vaut la peine.

Ma visée philosophique est sans compromis, je constitue avant tout un moyen de redonner le pouvoir aux individus, quels que soient leur juridiction ou leur statut économique.

En effet, en permettant les transactions financières décentralisées et sécurisées, je rends possibles les échanges entre personnes sans l’intervention de tiers de confiance traditionnels comme les banques.

Je suis convaincu que tout individu devrait avoir le contrôle total de ses ressources financières sans être soumis à des institutions opaques (… potentiellement corrompues).

Malgré mes avancées, je sais que je ne suis pas parfait. Il y a encore des défis à relever.

Quoique la volatilité de mon taux de change est un problème qui se résout petit à petit au fil du temps, celui-ci qui reste encore trop présent pour que je sois déjà utilisé comme un moyen d’échange universel.

Au premier abord, je suis difficile à comprendre et cela donne champ libre à certains beaux parleurs sans scrupules : leur verbiage pseudo technique et leurs promesses d’enrichissement hypnotisent les crédules et les mènent à la Bérézina.

Comme au temps de la ruée vers l’or, mon monde ressemble un peu à celui du Far West.

L’éducation et de bonnes pratiques finiront par en venir à bout… Savoir s’entourer des bons spécialistes est bien évidemment un atout.

En attendant, des problèmes de sécurité et de réglementation demeurent, j’en suis conscient. Quelques plates-formes d’échange ont été piratées, entraînant la perte des fonds de leurs clients.

Face à cela, certains gouvernements font un amalgame et sont volontiers réticents à accepter ma légitimité. Ils mettent en place des réglementations strictes voire des interdictions, ce qui complique ipso facto mon utilisation dans leurs pays.

En réalité, je dois aussi faire face à des préoccupations environnementales portées par des gens qui ne comprennent pas grand chose à l’électricité et à sa distribution… ni connaître l’impact des systèmes traditionnels !

Oui, mon processus de minage consomme beaucoup d’électricité mais il faut que ce soit une énergie bon marché c-à-d celle dont personne d’autre ne veut.

Mes mineurs sont des entrepreneurs nomades en safari : il chassent le kilowatt excédentaire et viennent se poster géographiquement là où l’offre dépasse significativement la demande.

Tous ensemble, ils dégagent pour moi une puissance de calcul combinée qui est phénoménale.

Ainsi, en obligeant un attaquant hypothétique à produire plus de la moitié de cette puissance pour réécrire une transaction, je protège efficacement l’intégrité de mon registre.

Si j’étais un pays, ce serait ma dépense militaire, moins coûteuse, bien moins dangereuse et uniquement dissuasive.

Dans le futur, je pense que ma technologie va continuer à évoluer.

De nouvelles fonctionnalités sont régulièrement ajoutées pour améliorer par exemple la confidentialité, les temps de transaction et les paiements complexes, à l’image du protocole ‘Taproot’.

Penchés sur moi, passionnés par moi, une multitude d’esprits au sommet de leur art cherchent sans relâche à prévoir l’imprévisible, réaliser des miracles et contrer l’impossible. Et ils réussissent !

A l’évidence, je me sens de plus en plus apprécié.

Je suis Bitcoin. Je suis la première cryptomonnaie.

Je suis là pour rester.